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La norme singulière contre le formatage

Février 2006


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Editorial, par Philippe Bouillot


Psychose et passage à l'acte

Pierre Naveau

La norme singulière contre le formatage

Dominique Holvoet, Un effort de normativation au singulier

Annick Brauman, D'une norme l'Autre

Maud Ferauge, La recette du sujet

M. Santy, F. Hougardy et P.-Y. Gosset, Normalisations singulières


Ecritures d'une trajectoire

Marie-Hélène Briole, De la sublimation par l'écriture à l'écriture du symptôme

Patricia Bosquin-Caroz, Des usages de l'écrit et de la parole à la Demi-Lune

Véronique Servais-Poblome, D'un traitement de la voix par la lettre

Jacqueline Dhéret, Un père hors d'état

Brigitte Duquesne, Des effets thérapeutiques à partir d'une expérience institutionnelle

Jeanette Valinas, « Si tu ne le fais pas, je me jette d'un pont »


Décompléter l'institution

Philippe Hellebois, Calculus

Annick Brauman, Wil ou l'institution ouverte

Alain Le Bouëtté, Les psychologues et le secret comme condition de l'exercice


Traduire Lacan

Alexandre Chernoglazov, A travers Lacan, Notes d'un traducteur


Abstracts


Editorial

A les lire d’un trait, les textes rassemblés dans ce numéro frappent par la marque qu’ils portent du travail long et assidu, fait non pas d’exploit mais de patience et d’attention à l’égard des sujets, quelle que soit la forme d’accueil proposée à leur difficulté d’être. Cette difficulté est parfois extrême au point d’avoir déjà provoqué de ravageantes ruptures avec les formes traditionnelles de lien aux autres — les plus discrètes de ces ruptures n’étant pas les moins inquiétantes ni les plus faciles à traiter. La plupart du temps les solutions toutes faites ont déjà été tentées vainement et c’est sans garantie de réussite qu’il faut s’efforcer de trouver autre chose qui convienne pour rendre possible le maintien d’un lien avec la famille, l’école, le travail voire avec les voisins.
Les témoignages publiés dans Les feuillets du Courtil valent par ce qu’ils arrivent à nous transmettre de cet effort d’invention dont personne n’a l’apanage mais dont chacun a la charge, celui qui accueille comme celui qui est accueilli, celui qui n’en peut plus de « malvivre » et celui qui prétend pouvoir y faire quelque chose.Toutes les inventions comme tous les efforts ne se valent pas ni ne valent nécessairement la peine. Si leur singularité demande à être reconnue, le lien social exige de tempérer la prétention à l’ériger en loi du monde. D’où la nécessité de former notre discernement quand il s’agit d’orienter nos efforts pour que la prise en compte du plus singulier ne vaille pas comme blanc-seing à la tyrannie ou au passage à l’acte.
Voilà la tension qui parcourt tous ces textes comme tout notre travail en institution. Nous devons connaître le lien structural entre la psychose et le passage à l’acte en tant qu’il vise une impossible séparation et nous nous efforçons de trouver avec ceux qui veulent bien y consentir un autre passage que celui qui mène en court circuit à l’acte mutilatoire, horizon toujours possible de la psychose.

Philippe Bouillot