10

Destin du sujet
Novembre 1994


Éditorial, Guy Poblome

5

 

La famille et le destin de l’enfant

Journée de l’A.C.F.-Lille du 11 décembre 1993

Geneviève Morel, « Au petit bonheur la chance »

9

Franz Kaltenbeck, La destinée et le surmoi

15

Michaël Turnheim, Destin et fortune

21

Sylvie Boudailliez, La question du suicide chez un enfant psychotique

27

Colette Chouraqui-Sepel, Recherche famille désespérément...

33

Véronique Mariage, L’enfant, l’analyste et le destin

39

Bernard Seynhaeve, L’institution, rencontre déterminante pour l’enfant

45

Dominique Holvoet, Le couple mère-fille et son destin

53

Herbert Wachsberger, La conception parentale du destin

61

 

Institution

Philippe Stasse, Institution et traumatisme

69

Elisabeth Doisneau, Cécile ou le sans-nom du pire

77

François Pouppez, A l’école du quotidien

87

Monique Vlassembrouck, Une conjoncture de sortie en institution

91

 

La fin de la cure

Katty Langelez, Le concept de la fin de l’analyse de Freud aux premier séminaire de Jacques Lacan

99

Albert Nguyen, 1967 : avant et après

107

Isabelle Morin, Le temps de la fin

117

Alexandre Stevens, Un aperçu du fantasme

123


 

Editorial du numéro 10
par Guy Poblome

L’Autre préalable, le désir des parents, la pulsion de mort, les bonnes ou mauvaises rencontres, autant de termes qui tentent de cerner ce à quoi est confronté le sujet dans la structure, en même temps qu’il leur « ex-siste ». Et c’est de cette place « ex-sistante » qu’il tresse ce qui fera la trame de son destin. Voilà le noeud du débat de la Journée d’étude de l’ACF-Lille qui s’est déroulée le 11 décembre 1993. G. Morel, F. Kaltenbeck, M. Turnheim et H. Wachsberger abordent cette question à partir de perspectives différentes. Respectivement : le fantasme fondamental, la répétition, le problème logique de l’inconsistance de l’Autre et le Surmoi.

Une grande place a été faite également au cours de cette Journée, ainsi que sous la rubrique « Institution », à la clinique de la psychose dans l’institution. Dans la psychose, « [...] il existe une insondable décision de l’être, un insaisissable consentement de la liberté », propose J.-A. Miller dans son cours « Cause et consentement ». C’est ce que développe D. Holvoet : « Puisque le destin du psychotique n’est pas défini selon les coordonnées de l’Autre, le sujet est contraint d’en inventer un pour lui tout seul. » Plusieurs exposés donnent des indications sur les « outils » dont se sert le psychotique pour tenter de le construire afin de contrer l’envahissement d’un réel jouisseur : un signifiant idéal, des constructions imaginaires ou encore un travail de symbolisation. E. Doisneau, dans sa rencontre avec une adolescente en prise à un Autre mortifère, note une certaine complicité du sujet à l’égard des hallucinations, ce qui implique une forme de jouissance du côté du sujet dans la psychose.

J.-L. Aucremanne, quant à lui, nous expose la pratique institutionnelle d’Auguste Aicchorn avec des jeunes délinquants, « malades du totem ». Sa pratique a pour pilier de refuser la jouissance de l’aveu d’une part, et celle de la Loi d’autre part, en ce sens que tout acte d’agression est un appel à la punition en tant qu’elle viendrait répondre à la culpabilité liée à l’acte.

C’est aussi d’acte dont il s’agit dans la fin de la cure. G. De Villers, dans un exercice logique, articule la fin de l’analyse comme « acte qui permet la vérification d’un calcul de ce qui ne se voit pas (métaphore de l’inconscient) à partir de ce qui se voit ».

Pour Freud, la butée que rencontre le sujet dans l’analyse — « le roc de la castration » — fait point d’arrêt, non sans que la position à l’égard de la castration en ait été modifiée. K. Langelez, dans une étude des textes du Lacan des années 50, montre comment celui-ci s’en tient au point de vue de Freud, contre les post-freudiens : le sujet de la fin de l’analyse, débarrassé de ses identifications. A. Nguyen, lui, partant de la même conclusion freudienne, pointe, dans les textes plus tardifs de Lacan, les scansions de la construction d’une doctrine de la fin de l’analyse qui va au-delà de la castration.

Fin de la cure et traversée du fantasme sont articulées; la seconde étant condition nécessaire pour la première, mais non suffisante pour la conclusion de la cure. C’est ce que s’emploient à démontrer I. Morin et A. Stevens. Il y faut un pas de plus : c’est ce qui se déduit de ladite traversée à propos du fantasme lui-même, de la jouissance et de l’objet cause du désir.

La rubrique « Travaux » accueille deux textes. Celui de B. Nominé sur « Traumatisme et fantasme », deux concepts fondateurs de la psychanalyse, avec un passage très développé sur le texte de Freud : « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci », et celui de P. Stasse sur « Institution et traumatisme » qui porte sur le même thème pour en tirer les conclusions au niveau de la pratique institutionnelle.

Enfin, je me dois de conclure cet éditorial en soulignant que les Feuillets du Courtil en sont à leur dixième numéro. Le pari de faire série, que lançait Alexandre Stevens lors de la parution du premier numéro, est tenu. Que tous ceux qui ont collaboré à son succès — y compris les auteurs et les lecteurs — en soient ici remerciés.

Guy Poblome
Novembre 1994