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Qu’attend un lecteur d’une revue ? Chaland d’occasion, devenu acquéreur voire adepte, par quel biais sa curiosité fut-elle mise en éveil ? Abonné satisfait de la régularité de parution qui flatte son penchant pour le rite et son goût du collectionnisme, il guette néanmoins l’inattendu, le propos qui étonne, la réflexion qui laisse à penser. Son attente de l’exemplaire à venir est infiltrée de son attachement à celui d’hier, au texte relu qui n’a pas failli, à l’écrit devenu référence qui donne son sens à une publication, de n’avoir pas été sans conséquence.

Chaque revue a son lectorat qui apprécie une orientation, goûte un style, on le suppose. Ainsi des Feuillets du Courtil. Treize numéros ont vu le jour ; leur jeter un regard rétrospectif, est-ce aventuré ?

On aperçoit ce que ces Feuillets ne sont pas ; ni une revue de psychanalyse « généraliste » — ça n’était pas l’ambition inaugurale ; ni une revue spécialisée dans la psychanalyse avec les enfants — ce qui procède d’un refus délibéré.

La revue participe au mouvement analytique selon deux axes préférentiels : donner sa place au travail en institution, faire écho à des journées d’étude. D’autres rubriques apparaissent de façon intermittente (exposés de fragments cliniques, mises au point théoriques) ou ont été abandonnées (un compte-rendu de lectures, un agenda) ; contre vents et marées, celle intitulée « Travaux » réserve un lieu à des contributions fort variées.

C’est ainsi que la revue s’est arrachée à son premier projet, d’une part de rendre compte d’une pratique en institution (celle du Courtil d’abord) soutenue par des repères analytiques, et d’autre part de se vouer à la transmission de ses propres élaborations. La clinique en institution s’est alors centrée sur la psychose et ses frontières, le propos institutionnel a été étendu au champ social et à d’autres institutions.

Sa fonction d’échotier appliqué — la Rencontre du Champ freudien à Barcelone en 1992 (« L’impossible à supporter »), les premières Journées du Réseau International d’Institutions Infantiles en 1993 (« Désir, demande et idéal en institution ») — concerne surtout l’accueil des premières Journées lilloises (« La psychanalyse : un nouveau savoir sur l’enfant », « L’enfant et la famille », « L’inconscient et son rapport au sexe ») et les Colloques de l’ACF-Lille qui les ont relayées (« La famille et le destin de l’enfant », « La mère, l’enfant et le phallus », « Corps et langage »). Au moment de la parution des présents Feuillets, la quatrième Colloque lillois dissertera sur « Le désir et la faim ».

Dans ce treizième numéro, on retrouve ce qui fait la particularité de son orientation : une pratique de la psychanalyse où la référence à la psychose est toujours présente, ainsi qu’en arrière-plan une préoccupation concernant la clinique infantile.

Alors, quel avenir ? On voit en creux ce qui est en attente : une approche encore plus fine des types cliniques, plus différenciée des structures, plus différentielle de chaque structure. Le couplage éditorial, qui fait le profil des Feuillets, sera-t-il maintenu ? La Publication du Champ freudien en Belgique, déjà très attentive à son voisinage en France, étendra-t-elle son aire à d’autres contrées proches ?