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Le désir et la faim, clinique psychanalytique de loralité |
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4è colloque de lACF-Lille - 11 janvier 1997 |
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Herbert Wachsberger, Questions orales |
11 |
Dominique Guilmot, Un lien indissoluble |
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Sylvie Boudailliez, La parfaite me bouffe |
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Pr Philippe Jean Parquet, Loralité au regard de la clinique |
31 |
Franz Kaltenbeck, Surdétermination dun symptôme anorexique |
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Augustin Menard, Comment une anorexique vient à lanalyse ? |
45 |
Brigitte Duquesne, Réponse sans voix |
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Sylvie Cousin, Alcoolisme et délire, quelle structure ? |
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Emmanuel Fleury, Boire ou se pendre |
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Incidence clinique de la puberté |
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Entretien avec Yves Beaunesne, metteur en scène, A propos de lEveil du Printemps de F. Wedekind |
69 |
Alexandre Stevens, Ladolescence, symptôme de la puberté |
79 |
Véronique Mariage, incidence de la puberté dans les psychoses infantiles |
93 |
Gil Caroz, Irréaliser le crime |
99 |
Serge Vandenhemel, Le Capitaine De la Barre |
105 |
Yves Vanderveken, Dune possibilité de travail de cure en institution |
113 |
Régine Cecere, Le père et la prison, modalités dun recul devant le sexuel |
123 |
Pierre-Yves Gosset, Que suis-je dans lAutre ? |
129 |
Ludovic Quinonero, Dune névrose à lautre |
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Récit de cure |
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Jean-Pierre Rouillon, Labsence de lanalyste |
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Éditorial, par Dominique Holvoet
Que lêtre parlant ne puisse se fier à linstinct pour la régulation de ses besoins, les nombreuses études cliniques qui composent ce numéro rendent compte à leur façon de cette thèse centrale pour la psychanalyse. Sy côtoient des travaux très articulés, appuyés par des développements théoriques qui permettent de resserrer une question autour dun axe conceptuel et dautres qui relèvent déjà de larticulation clinique, donc qui sont des constructions, des interprétations de lexpérience mais dont le compte rendu reste ouvert à lhypothèse, à lessai dinterprétation, à la découverte non encore formalisée, ou encore à laperçu pris dans lexpérience dun point théorique précis. Autoriser ce mode de témoignage participe de lorientation donnée depuis le départ à notre publication, à savoir, présenter à la critique notre travail délaboration et de recherche sur deux axes : le travail en institution et le problème de la structure et des limites de la psychose (1). Il sagit donc dun travail en cours, avec ses errements, ses tâtonnements, voire ses erreurs mais aussi ses points dappuis, ses formalisations, voire ses avancées théoriques et cliniques. Au lecteur qui chercherait le point le plus abouti de la formalisation, larticulation clinique bouclée et sans faille, ce livre nest pas pour lui ! A celui qui souhaite débattre avec nous, critiquer, voire disputer nos élaborations, nous ouvrons nos colonnes et offrons ce modeste feuillet à sa vigilance constructive. A ce lecteur, dont vous êtes, nous donnons rendez-vous à Lille les 30 et 31 janvier 1999 pour les quatrièmes journées du RI3 qui se tiendront sous le titre dont nous devons la « trouvaille » à Jacques-Alain Miller : « Points dancrages. La création des repères subjectifs en institution ». Ce numéro se conclut sur un premier article qui témoigne du débat en cours, en préparation à ces journées. Jean-Pierre Rouillon, qui travaille dans linstitution de « Nonette » (Clermont-Ferrand), nous a transmis un récit de cure avec un sujet autiste adulte dans lequel il interroge leffet surprenant de la vacance temporaire de lanalyste.
Lensemble de ce numéro se déploie à partir du caractère non pertinent de linstinct pour rendre compte de la régulation des besoins chez lêtre parlant que ces besoins soient dauto-conservation (la faim) ou de reproduction (la sexualité). Deux volets articulent donc cette thèse, lun à partir dune clinique psychanalytique de loralité, lautre à partir de lincidence clinique de la puberté. Sur les deux versants, il se démontre linexistence de tout instinct qui viendrait répondre de façon automatique et univoque aux besoins. Sil nexiste nul instinct pour le « parlêtre » mais bien la pulsion, de même le besoin ne peut sarticuler que si lon y adjoint la demande et le désir.
Les interventions, ici rassemblées, du quatrième colloque de lACF-Lille démontrent, exemples cliniques à lappui, quil ny a, pour lanimal parlant, pas dinstinct quant à lalimentaire. Anorexie mentale, boulimie, alcoolisme, trois phénomènes pathologiques que notre époque distingue, le montrent à lenvi. Herbert Wachsberger, directeur du colloque, posait donc la question : le désir est-il un meilleur repère ? Reconnaître la pulsion orale dans le cours dune analyse permet de situer à leur juste place des phénomènes tels quun épisode de boulimie ou des acting out, comme celui du célèbre cas de « lhomme aux cervelles fraîches » commenté par Lacan. La pulsion orale à luvre dans la névrose ou la psychose se laisse interpréter différemment, le méconnaître peut conduire à une dérive désastreuse de la cure. Cette question délicate de loralité a été traitée lors du colloque de lACF-Lille de janvier 97. Nous remercions nos collègues de l'ACF pour leur heureuse et fidèle collaboration à la présente édition.
Lincidence clinique de la puberté constitue la seconde partie de ce volume. Elle fait écho à la journée détude du Courtil de septembre 1997, organisée cette année par Philippe Bouillot. Ladolescence étant, dans le champ psychanalytique, une entité non pertinente en tant quunicité symptomatique, nous lui avons préféré létude de lincidence clinique de la puberté. En effet, ladolescence est pluri-symptomatique et le réel en jeu à la puberté impose au sujet des remaniements divers qui touchent tant le savoir que les identifications ou encore le fantasme. Cest pourquoi, en conclusion de cette journée, Alexandre Stevens proposait de considérer ladolescence comme symptôme de la puberté. Ladolescence constituerait dès lors la série des réponses possibles à ce surgissement dun réel à la puberté. De nombreuses vignettes cliniques rendent compte de ces effets et du travail particulier du sujet psychotique pour y répondre. La rencontre avec la sexualité, lautre sexe et son désir, peut causer le déclenchement dune psychose. Quen est-il par ailleurs pour les sujets dont la psychose est déclenchée dans lenfance ou depuis toujours ? Existe-t-il une clinique différentielle de lincidence de la puberté pour le psychotique selon le sexe ? Ces questions, les exposés publiés ici tentent de les résoudre, chaque fois à partir de la singularité du travail dun sujet dans le cadre de son séjour en institution. Enfin, nous ne pouvions traiter de ladolescence sans évoquer luvre exquise et scandaleuse que Frank Wedekind raconte magnifiquement dans son « Eveil du Printemps ». Nous avons profité de la création par Yves Beaunesne dune adaptation de cette pièce pour aller la voir ou la revoir. Yves Beaunesne a eu la gentillesse de nous accorder un entretien que nous publions en ouverture de cette rubrique. L'entretien, que nous devons à notre collaboratrice Monique Senhadji, nous a spécialement intéressé par la façon dont le metteur en scène a entrepris le travail avec de jeunes comédiens, à peine sortis de « leur » adolescence. Pour Yves Beaunesne, ladolescence ne se réduit pas naïvement à une crise. Comment pourrait-il en être ainsi puisquelle est symptôme et donc signe dun malaise propre à la civilisation. Ladolescence nest pas un phénomène qui sinscrit dans le fil des rites de passage des sociétés anciennes. Bien au contraire, elle constitue une rupture davec ces rites. Cest labsence de tels rites qui ouvre au savoir vertigineux sur le sexe. Ainsi, pour Y. Beaunesne, « ladolescence est un état permanent et la bascule est constante entre les adolescents qui ont des poussées de maturité et puis qui retombent dans ladolescence, et des adultes qui ont des moments de crise infantile dans lesquels brusquement ils reviennent à cet état dacné boutonneux, pour repartir après à létat adulte ». Avec Yves Beaunesne, nous avons retrouvé quelque chose qui fait notre quotidien au Courtil, lorsquil parle du théâtre comme dun art de quincaillier : « On trouve des solutions concrètes à des problèmes que pose le texte, des choses toutes petites, toutes simples, techniques parfois. » Avant de vous laisser découvrir notre quinzième Feuillets, je lui laisse donc la parole pour conclure : « Si les adultes refusent aux adolescents les mots sur lintimité, peut-être est-ce simplement parce queux-mêmes nen disposent pas. "Je nai pas de mots pour cela ou je ne peux pas répondre", serait déjà une forme de clarté féconde. »
Dominique Holvoet
Mars 1998