Carte blanche, Alexandre Stevens | 5 |
Lorientation lacanienne |
|
Jacques-Alain Miller, Une nouvelle modalité du symptôme | 11 |
Trouvailles cliniques et création du sujet |
|
Jean-Pierre Rouillon, Amour et autisme | 33 |
Diana Bergovoy, Ophir, une modalité dancrage reprise dans une intervention | 41 |
Véronique Mariage, Des enfants à qui lon ne peut rien demander | 45 |
Pierre Malengreau, Dune suppléance psychotique sans avenir | 51 |
Marie-Jeanne Brichard, Guillaume ou de lâge des cailloux à celui du livre | 65 |
Dominique Holvoet, « Je viens pour oublier » | 71 |
Danièlle Rouillon, Droits et pulsions dun descendant du XVIIe siècle | 77 |
Katty Langelez, Question de transferts dans un cas de schizophrénie | 83 |
Christine Cartéron, Un sujet discret | 89 |
Maryvonne Normand, La lettre barrée | 95 |
Françoise Huvelle, Lagenda | 101 |
Rudi Loontiens, Du traitement du réel par limage | 105 |
Charlotte Mahé, Des maux aux mots | 113 |
Isabelle Hardy, Dun divin arrimage | 117 |
Carte blanche, par Alexandre Stevens
Il y aura bientôt les IVemes Journées du RI3. Le RI3 est le Réseau International des Institutions Infantiles. Ce réseau est un des instruments que le Champ Freudien a organisé pour promouvoir dans le monde une place que la psychanalyse naurait pas dû y perdre.
Jacques Lacan a travaillé à donner au discours psychanalytique une pertinence dans la sériation des expériences de lacte quil produit. Il a aussi voulu que ce discours ait une influence sur le monde daujourdhui. Cest en ce sens quil pouvait dire que le discours analytique offre une sortie possible au discours capitaliste.
Le discours capitaliste tient ses fondements dune universalisation des modes de jouissance. Il sagit désormais pour tout sujet du libéralisme de souhaiter jouir du même objet proposé par le marché dont la publicité est faite sur toutes les chaînes de télévision. A chacun de pouvoir sy inscrire, en souhaitant cet objet de consommation, ou de sen trouver exclu, en souhaitant le même sans pouvoir lobtenir.
Quand nous disons avec Jacques-Alain Miller et Eric Laurent (1) que le monde daujourdhui est un monde où lAutre nexiste pas, nous disons que faute dun idéal paternel nouveau, il ny a aucun autre point dancrage possible pour le sujet que celui, singulier, de son symptôme.
La singularité du symptôme, le un par un du cas par cas, les modalités particulières que chacun trouve pour sa jouissance, témoignent pour nous des réponses de chaque sujet bien plus que ne pourraient le faire leurs idéalisations.
Le Champ Freudien veut reconquérir cette place particulière à chacun contre le discours général, universalisant, du capitalisme. Il opère cette reconquête par deux voies : celle du RI3 et celle du CIEN.
Le CIEN soccupe spécialement des modes par lesquels le sujet moderne est lobjet dune ségrégation. Lacan en a donné les exemples dans le camp de concentration et le marché commun (2).
Le RI3 soccupe du cas par cas des sujets ségrégués à partir de leur position clinique. Nous savons que dans la situation économique difficile que nous connaissons aujourdhui les plus exclus sont les sujets psychotiques qui, du fait de conditions sociales particulières, sont de surcroît exclus de leur famille et envoyés en institution. Cest de ces sujets dont il sera question lors des prochaines Journées du RI3.
Ce sont certes des Journées consacrées aux enfants. Mais nous le savons, depuis Freud, les enfants sont déjà des sujets, depuis toujours, et les adultes nont dautre tâche que de retrouver leur propre problématique infantile, au travers de leur fantasme, sils veulent savoir ce quils sont.
Faute de pouvoir encore sorienter sur le Père ce qui désormais est sinon interdit, au moins défaillant il sagit de savoir ce qui oriente pour chacun son mode de traitement de sa jouissance. Autre manière de dire avec Lacan : se passer du père à condition de pouvoir sen servir.
Il sagira donc lors de ces Journées de situer, non le rapport de chaque sujet à ldipe, mais plutôt son, ou ses, points dancrage possibles à trouver en institution ou ailleurs mais toujours en institution donc (3). Nous aurons à distinguer ces points dancrage possibles de chaque sujet, pris un par un, des trouvailles que chaque intervenant en institution (4) pourra y adjoindre.
Points dancrage Trouvailles Voilà donc notre programme, si nous voulons savoir.
Alexandre Stevens,
Janvier 1999
NOTES
(1) J.-A. Miller et E. Laurent, « LAutre nexiste pas et ses comités déthique », Lorientation lacanienne, cours au département de psychanalyse Paris VIII, 1996-1997, (inédit).
(2) A. Stevens, « Camp de concentration, Marché Commun et ségrégation », Quarto, Revue de lECF-ACF en Belgique, « Les conditions dune transmission », 66, nov. 98, pp. 39-40.
(3) E. Laurent, « Institution du fantasme, fantasmes de linstitution », Les Feuillets du Courtil, 4, Linstitution et le particulier, paradoxe, avril 1992, pp. 9-20.
(4) Lintervenant en institution nest certes quun analysant civilisé, comme la fait remarquer Eric Laurent lors dune communication privée à Anne Lysy mais il faut ajouter que à chaque cure se joue la question : dans quelle institution, fut-elle dune cure analytique ? Lire à ce propos le texte de Katty Langelez « Installation dune institution en privé » (à paraître dans Préliminaire, Publication du Champ freudien en Belgique, 11).