Numéro Spécial de RI3      

Conversation du RI3 à Tel Aviv

Clinique des nouvelles formes de pathologie chez l'enfant

Avril 2000

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Diana Bergovoy (Misholim)

Ouverture 

Alexandre Stevens (Le Courtil)

Sur le RI 3

Galit Edelman (Misholim)

Misholim Hervé Damase (Nonette)

Stanley et les semblants

 

Débat

Omri Bichovski et Avital Levin (Misholim)

Non dupe des signes

Patricia Bosquin-Caroz (Le Courtil)

De l’enfant balle à la « boule à rasette »

 

Débat

Yael Kunash (Misholim)

C’est ainsi dans la vie

Nathalie Gheysen (Antenne 110)

Quand le facteur permet aux enfants de faire la pluie et le beau temps

Isabelle Finkel (Le Courtil)

« Umlala »

Débat

Alexandre Stevens (Le Courtil)

Parcours


Ouverture

Diana Bergovoy  : Bonjour et soyez les bienvenus à cette conversation du RI 3. Nous souhaitons la bienvenue à nos invités de Belgique.

Parmi vous il y a des personnes qui ne peuvent plus vraiment être considérées comme des invités. Nous pouvons certainement les appeler nos amis et presque des sabra : Alexandre Stevens, Bernard Seynhaeve, Véronique Mariage, Patricia Bosquin-Caroz, Isabelle Finkel, Corinne Lalondrelle. Et pour ceux qui sont en Israël pour la première fois, je ne peux que formuler l’espoir que ce ne sera pas la dernière. Parmi nos invités israéliens, je souhaite la bienvenue aux nouveaux comme aux anciens. A ceux des Israéliens qui sont nouveaux parmi nous je raconterai que nos invités belges travaillent pour certains d’entre eux à l’Antenne 110 et certains au Courtil. Et s’ils sont là parmi nous aujourd’hui c’est parce qu’ils ont pris un rôle très actif dans l’organisation de cet événement.

Je souhaite donc la bienvenue à cette conversation entre la crèche Mish’olim et les institutions faisant partie du RI 3, sur la question de la clinique des nouveaux phénomènes pathologiques chez l’enfant.

Cette phrase nécessite plusieurs explications. Qu’est-ce que le RI 3 ? Qu’est-ce que la crèche Mish’olim ? Et quel est le sujet autour duquel nous nous réunissons ? J’ai invité Alexandre Stevens qui est le directeur thérapeutique du Courtil à nous parler du RI 3, de ce Réseau International d’Institutions pour enfants. Galit Edelman qui, elle, travaille à la crèche Mish’olim vous parlera de la crèche et quant à moi je dirai quelques mots sur le sujet.

Je ne pense pas qu’il suffise de commencer ou d’ouvrir un nouveau millénaire pour parler d’une nouvelle clinique. Nous basant sur les dires d’Eric Laurent, nous voudrions apprendre aujourd’hui à connaître les impacts ou les répercutions de la nouvelle définition des institutions sociales et de la science sur le sujet et sur les réponses du sujet.

Deux points me semblent être cardinaux : premièrement dans le domaine du travail avec les enfants qui ont des difficultés à créer un lien, nous devrions considérer la possibilité d’élargir les catégories existantes et d’étudier toute une gamme de cas pour lesquels nous n’aurions pas a priori choisi la définition de « problème de communication ». Il y a des cas sur lesquels il y a un consensus, le détachement de l’Autre est absolu, le refus de créer un lien est insistant.

Mais que dirons-nous d’enfants qui parlent, qui nous regardent dans les yeux mais pour lesquels chaque « non », chaque regard devient quelque chose de tellement insupportable qu’ils en sont jetés aux marges du cercle social ?

Deuxième point : un autre aspect est la clinique de phénomènes dont on n’a pas l’habitude de parler dans le Champ freudien. Je vais m’expliquer. Il est important de différentier une gamme de comportements qui sont pour ainsi dire involontaires. Dans cette gamme il nous faut donc différencier entre des phénomènes qui représentent un obstacle dressé devant le sujet et des phénomènes qui servent de solution au sujet. C’est de ces solutions que nous allons entendre parler pendant la présentation des travaux de cette matinée.

Un travail qui sera présenté sort un peu de l’ordinaire, est différent des autres ; il porte le titre « Malheureuse ». Ce travail rassemble en fait les expériences de nos amis du Courtil qui ont fait tout le chemin de Belgique pour venir travailler à nos côtés dans la crèche Mish’olim, pendant les mois de l’été dernier, lorsque nous avons eu une épidémie de grossesse dans notre crèche. Et c’est donc le bon moment pour exprimer nos remerciements à tous ceux qui ont formulé l’idée et à tous ceux qui ont aidé à la réaliser.

Avant de passer la parole à Alexandre Stevens, je veux m’assurer que chacun a entre ses mains une traduction de ces textes. Nous allons procéder ainsi : les Israéliens présenteront leur travail en hébreu alors que nos collègues ont une traduction française en mains et vice versa évidemment.

Nous avons été désolés d’apprendre que Schula qui devait être ici avec moi ne pourra pas être des nôtres à cause d’un deuil dans sa famille.

Alexandre Stevens  : D’abord je voudrais remercier nos collègues d’Israël de nous recevoir aussi bien pour cette occasion.

Je vais essayer de vous expliquer en quelques mots ce qu’est le RI 3.

Le RI 3 c’est un nom, pas exactement un signifiant, plutôt des lettres.

Cela s’écrit R-I-3, le 3 étant la mise au cube : Réseau International d’Institutions Infantiles.

C’est un nom qui a été trouvé par Jacques-Alain Miller pour nommer un travail déjà existant, travail de collaboration, d’échanges multiples sur la clinique et de débats sur ce que veut dire la psychanalyse en institution.

Donc un travail déjà existant entre trois institutions fondatrices : l’Antenne 110, Nonnette et le Courtil et ensuite, après sa fondation, Mish’olim. Donc le RI 3, ce sont quatre institutions membres plus une série d’institutions associées, en France, en Belgique, en Israël et en Italie.

C’est donc un nom qui nomme des échanges, des échanges effectifs déjà existants et qui cherche à les multiplier. En témoigne encore cette conversation d’aujourd’hui qui va réunir des travaux des quatre institutions membres puisque même si personne, je pense, n’est venu de Nonnette ils ont néanmoins envoyé un travail qui sera lu.

Mais plus simplement qu’une collaboration et des échanges, le RI 3 c’est aussi un projet d’orientation pour les institutions qui y prennent part. Un projet d’orientation qui consiste à orienter le travail clinique et le travail institutionnel avec les concepts de Freud et de Lacan.

Il faut bien dire que ce n’est pas la première fois que des institutions cherchent à orienter leur travail clinique avec les concepts de Freud et Lacan. C’est le cas avec les concepts de Freud pour les institutions inventées par Winnicott qui a été le premier à inventer des institutions d’enfant mais aussi pour les institutions de Bettelheim. Et puis avec les concepts de Lacan, il y a aussi eu l’institution de Mannoni.

Ce qui différentie les institutions du RI 3 de cette première série de projets institutionnels psychanalytiques c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’orienter la clinique à partir de la cure analytique mais de l’orienter à partir des effets de la présence de l’analyste en institution.

En d’autres termes les institutions du RI 3 ne privilégient pas, ne proposent pas, l’installation de cures analytiques en institution, mais plutôt elles proposent de mesurer les effets dans la clinique et dans l’institution de la présence d’analystes et d’analysants qui se laissent orienter par les concepts lacaniens. Et au fond il me semble qu’il y a un syntagme qui dit bien l’orientation du RI 3, son orientation clinique et analytique, c’est le syntagme inventé par Antonio di Ciaccia, fondateur de l'Antenne 110 et fondateur, on peut bien le dire, de cette nouvelle orientation clinique des institutions. Ce syntagme c’est : « Une clinique à plusieurs ».

Alors c’est encore au fond cette « clinique à plusieurs » que nous entendrons mise à l’épreuve aujourd’hui dans les interventions qui vont suivre.

Voilà, maintenant il est temps de passer la parole à ceux qui ont quelque chose à dire, non pas de l’histoire, mais de l’avenir.